Le Cochon, la Chèvre et le Mouton

 "Dom Pourceau criait en chemin
Comme s'il avait eu cent bouchers à ses trousses.."

Fiami a partagé cette fable avec des enfants au Jurassica Muséum de Porrentruy.

La fable manuscrite et colorée
par Fiami

Le Cochon, la Chèvre et le Mouton
par Jean de La Fontaine


Une chèvre, un mouton, avec un cochon gras,
Montés sur un même char, s'en allaient à la foire.
Leur divertissement ne les y portait pas ;
On s'en allait les vendre, à ce que dit l'histoire :
Le charton n'avait pas dessein
De les mener voir Tabarin.
Dom pourceau criait en chemin
Comme s'il avait eu cent bouchers à ses trousses.
C'était une clameur à rendre les gens sourds.
Les autres animaux, créatures plus douces,
Bonnes gens, s'étonnaient qu'il criât au secours;
Ils ne voyaient nul mal à craindre.
Le charton dit au porc :« Qu'as-tu tant à te plaindre ?
Tu nous étourdis tous : que ne te tiens-tu coi?
Ces deux personnes-ci, plus honnêtes que toi,
Devraient t'apprendre à vivre ou du moins à te taire :
Regarde ce mouton, a-t-il dit un seul mot?
Il est sage. - Il est sot,
Repartit le cochon : s'il savait son affaire,
Il crierait, comme moi, du haut de son gosier;
Et cette autre personne honnête
Crierait tout du haut de sa tête.
Ils pensent qu'on les veut seulement décharger,
La chèvre de son lait, le mouton de sa laine:
Je ne sais pas s'ils ont raison ;
Mais quant à moi qui ne suis bon
Qu'à manger, ma mort est certaine.
Adieu mon toit et ma maison.»

Dom pourceau raisonnait en subtil personnage.
Mais que lui servait-il ? Quand le mal est certain,
La plainte ni la peur ne changent le destin
Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.

 

 

Le Cochon et les Moutons
par Esope

 

Un cochon s’étant mêlé à un troupeau de moutons paissait avec eux. Or un jour le berger s’empara de lui ; alors il se mit à crier et à regimber. Comme les moutons le blâmaient de crier et lui disaient : « Nous, ils nous empoigne constamment, et nous ne crions pas », il répliqua : « Mais quand il nous empoigne, vous et moi, ce n’est pas dans la même vue ; car vous, c’est pour votre laine ou votre lait qu’il vous empoigne ; mais moi, c’est pour ma chair. »

Cette fable montre que ceux-là ont raison de gémir qui sont en risque de perdre, non leur argent, mais leur vie.

Dessin Le Cochon, la Chèvre et le Mouton par Fiami